Faisant suite à son adoption en 1ère lecture le 10 novembre 2022, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale soumet à enquête publique le projet de Règlement Régional d’Urbanisme (RRU) et son rapport sur les incidences environnementales du 12 décembre 2022 au 20 janvier 2023 inclus. Les documents sont consultables dans les 19 communes de la Région bruxelloise et ici .
Ce nouveau réglement est clairement une déclaration de guerre à l'automobile!
Pour manifester votre opposition à ce projet de réglementation, vous pouvez reprendre le document ci-dessous (ou le télécharger en fin d'article), et l'envoyer par mail à : rru-gsv@urban.brussels
Critiques :
1. D’une manière générale, ce règlement ne parle que d’espaces de rencontre, de ressourcement, d’inclusion, de détente, de récréation etc… Qu’en est-il de la vie commerciale, de l’artisanat ou des petites industries qui sont le socle de la vie urbaine ? Les citoyens travaillent, échangent, commercent, en bref font vivre la ville grâce à leur activité professionnelle. Ils sont complètement oubliés dans ce règlement.
2. En ce qui concerne la mobilité, cette vue complètement utopiste de la voirie publique induirait pratiquement de facto, la mise en sens unique de la majorité de celles-ci, puisque la réglementation demande une largeur minimale de 2m50 par sens de circulation pour les automobiles. Comment dans ce cas encore garantir une fluidité du trafic et un accès facile à tous les quartiers ? Dans l’article 12 du règlement (Piétons), on lit qu’un trottoir doit avoir une largeur minimale de 2 mètres et les pistes cyclables unidirectionnelles 1m80 minimum (Article 13 : les cyclistes et assimilés), ou 1m30 pour une piste « marquée ». Si l’on reporte cela à une voirie telle que celle représentée ci-dessous, on a 2 x 3m80 soit 7m60 ou 2 x 3m30 soit 6m60 (auxquels il faut encore rajouter 2 x 0,80m de zones tampons), consacrés à ces deux moyens de déplacement ! On se rend compte que le croisement des voitures devient impossible dans de nombreuses rues de la région-capitale, qui font largement moins de dix mètres de façade à façade. Et on ne tient aucun compte du déchargement des véhicules utilitaires (impossible de prévoir des zones de déchargement partout…), ni du passage des véhicules d’urgence au cas où la voirie est encombrée.
3. Dans les voiries à double sens, le rétrécissement des zones consacrées aux automobiles va augmenter les risques de collisions frontales en compliquant les croisements de véhicules.
4. En cas d’application tel quel de ce règlement, la suppression de places de stationnement irait bien au-delà du nombre déjà énorme annoncé par la région de 65.000. L’article 13 précise encore qu’il faut prévoir des espaces de stationnement pour cyclistes et assimilés au moins tous les 100 m. Encore une fois au détriment des espaces de stationnement des voitures.
5. Verduriser les voiries pourrait sembler une bonne idée, mais cela demanderait parallèlement de couvrir les coûts d’entretiens des espaces verts et des plantations par des communes déjà souvent exsangues financièrement.
6. « Créer des lieux de détente, de rencontre, de ressourcement et de récréation » : on croirait lire un conte de Perrault ! La ville est avant tout un lieu de travail, et croire que la population va passer son temps dans les rues pour se « ressourcer » est complètement surréaliste, et surtout complètement utopique. Si on souhaite se ressourcer, on se déplace à la campagne, voire en retraite dans un monastère, mais pas en pleine ville.
7. « Favoriser les modes de déplacements actifs » : on voit les nuisances occasionnées par les trottinettes et les vélos en libre-service. Croire que leur donner plus d’espace va contribuer à rendre la ville plus belle, est un rêve pieux.
8. Article 15 (Véhicules automobiles) : le règlement interdirait le stationnement
— en épi, à chevron et perpendiculaire à l’axe de la chaussée : cette mesure est clairement destinée à réduire encore les emplacements de stationnement.
— devant les entrées accessibles au public des monuments classés, parcs, établissements scolaires C, crèches, lieux de cultes et équipements culturels.
Il y aurait environ 4.000 bâtiments de ce type dans la région bruxelloise. Si on compte une moyenne de 3 emplacements devant chacun d’entre eux, on arrive à une suppression complémentaire de 12.000 emplacements de stationnement !
On constate donc la volonté des autorités d’éradiquer les voitures de la région, ce qui contribuerait à dégrader gravement son activité commerciale.
9. « Les dispositifs de recharge des véhicules électriques et les horodateurs sont implantés dans la zone destinée au stationnement des véhicules automobiles. Ils sont accessibles aux personnes à mobilité réduite ». Autrement dit les horodateurs et bornes de recharges seraient déplacés du trottoir vers la zone de stationnement (comme les garages à vélos, d’ailleurs), ce qui contraindrait d’étendre la zone tampon vers le centre de la voirie, réduisant encore l’espace réservé à la circulation automobile.
10. Article 16 (Végétalisation et réseau de fraîcheur) : « L’espace ouvert public comporte la présence significative d’arbres à haute tige permettant l’ombrage ». A-t-on pensé à la clarté dans les habitations ? Car des « hautes tiges » produisent aussi de l’ombre dans celles-ci…
11. Article 19 (Eclairage) : aucune mention d’un système favorisant l’économie d’énergie.
12. Article 20 (Confort acoustique et vibratoire) : il serait urgent de mettre les casse-vitesses et autres dispositifs ralentisseurs aux normes et/ou de les supprimer définitivement, car ils occasionnent du bruit et des vibrations dans les habitations situées aux alentours.
13. Article 24 (Proportion et disposition de l’espace ouvert privé) : seuls 30% d’un terrain pourraient-être bâtis (sous-sol compris). Cela signifie qu’il va devenir quasiment impossible de construire un garage, si on souhaite profiter de la totalité des 30% attribués pour la partie habitation proprement dite. Il s’agit encore d’une mesure anti-automobile cachée, que nous contestons.
14. Article 28 (Stationnement des véhicules automobiles) : Les emplacements de parcage pour véhicules automobiles à l’air libre sont interdits dans l’espace ouvert privé. Ce point n’est pas acceptable dans l’état.
15. Article 26/Urbanité (Emplacements de parcages pour véhicules automobiles) : Le nombre d’emplacements de parcage pour véhicules automobiles est déterminé moyennant une proposition motivée du demandeur. Ce nombre est justifié sur la base des critères suivants
A : — l’accessibilité en transports en commun ;
— le profil de mobilité des occupants et, le cas échéant, des visiteurs
B ; — les dispositifs alternatifs de mobilité partagée ou de stationnement hors voirie dans le quartier ;
— les mesures mises en œuvre dans le projet en vue de promouvoir une mobilité durable ;
— la nature de l’activité dans le cas d’un immeuble ou partie d’immeuble ayant une autre affectation que le logement.
Ici les règles semblent particulièrement sujettes à interprétation de la part du législateur, dont l’objectif, encore une fois, n’est autre que de mettre une entrave au stationnement de véhicules automobiles.
*Modes de déplacement actifs : Modes de déplacement qui utilisent au moins partiellement la force physique.
Pour télécharger ce texte (et éventuellement le compléter ou le modifier...) c'est ci-dessous:
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